PREFACE



PHILAMINTE :   Du grec, Ô Ciel ! du grec ! Il sait du grec, ma sœur !
BELISE : Ah, ma nièce, du grec !
ARMANDE : Du grec! quelle douceur !
  Les femmes savantes (Acte III, scène 3)

ἡ γνῶσις φυσιοῖ, ἡ δὲ ἀγάπη οἰκοδομεῖ.
 (1 Corinthiens 8:1)
 

    Si les caractères grecs ci-dessus ne s'affichent pas correctement c'est que vous n'avez pas de police unicode complète installée sur votre système ; situation intolérable, en nos temps de technique avancée.

    Cette édition numérique de la Septante a pour seule ambition de permettre aux amateurs de grec biblique de lire le texte dans l'original tout en s'assurant de leur compréhension grâce à une traduction mise en regard pour chaque verset.

    Elle a été réalisée à partir de documents en libre accés sur le Web, consultables sur archive.org. Le texte grec est celui de l'édition du Dr. Alfred Rahlfs qui fait autorité parmi les spécialistes, mis à libre disposition assez tôt dans l'histoire du web, par le CCAT (Center for Computer Analysis of Texts), sans son appareil critique, qui donc n'apparaît pas ici.

    La traduction française provient principalement de Pierre Giguet, polytechnicien du XIXe siècle, qui a aussi traduit Homère et Hérodote. Giguet a traduit sur l'édition dite Sixtine, qui reproduit plus ou moins fidèlement le manuscrit Vaticanus (tandis que Rahlfs favorise plutôt l'Alexandrinus). Nous avons parfois modifié sa traduction, quand le sens moderne du mot était trop différent, ou quand la correspondance avec le texte de Rahlfs n'était plus maintenue (ce qui d'ailleurs rend cette version identifiable quand elle est reprise par d'autres websites sans indication de la source). Il y a quelques autres traducteurs ; le tableau ci-dessous leur rend hommage.

    La somme de littérature consacrée à la Septante depuis l'invention de l'imprimerie atteint un volume colossal, et certainement hors de proportion avec l'impact réel de ce monument dans le domaine véritablement spirituel, c-à-d celui des rapports entre l'âme humaine et l'Esprit de Dieu. Les études sur la LXX intéressent plus des universitaires, des thésards, que le chrétien évangélique qui n'y trouvera finalement que très peu d'utilité par rapport à sa Bible normale. Or curieusement, l'avènement du Web permet de constater que le seul mot de Septante, déclenche chez plusieurs déséquilibrés de la mouvance évangélique des crises absurdes et farouches de parti-pris ; nombre de quasi-illettrés, mis devant un choix de livres à télécharger, se précipiteront comme par instinct sur la Septante, pensant sans doute y trouver des secrets qui leur permettraient de contredire le pasteur, tout en passant eux-mêmes pour des docteurs... Ces comportements irrationnels sont évidemment l'indice d'une activité et de motivations charnelles, dont la Septante n'est que le prétexte.

    Objectivement, que nous apprennent tous les travaux intellectuels sur la LXX ? Que globalement, la Septante est une médiocre traduction du texte hébreu. Le fait que beaucoup de citations du N.T. la reprennent ne change en rien ce constat. Car l'Esprit de Dieu n'est jamais lié à la lettre ; Il a même la liberté, quand il le souhaite, de prendre à contre-pied une parole des prophètes : Ô mort, où est ta victoire ? Ô mort, où est ton aiguillon ? s'écrie l'apôtre Paul, tandis que nous savons bien qu'Osée n'a jamais écrit dans un tel sens son apostrophe.

    Cependant, il existe un certain nombre de bonnes raisons, de lire et de se familiariser avec le texte de la Septante. N'ayant que l'embarras du choix pour trouver des pages web ou des livres d'introduction qui expliqueraient l'intérêt de cette étude, nous avons cru bon de nous arrêter à un extrait du grand Dictionnaire de la Bible, publié par Fulcran Vigouroux (1837-1915), prêtre de la compagnie de Saint Sulpice. L'article lui-même a été rédigé par Eugène Mangenot (1856-1922) ; il est évidemment ancien, et ne parle pas pour cause des travaux de Rahlfs, mais il a l'avantage d'une relative concision alliée à une très grande densité d'informations. (Cet article n'est reproduit que dans l'édition pdf de la Septante Grec-Français, on peut le lire aussi en ligne

    Un mot, à propos des livres apocryphes, c'est-à-dire ceux qui ne figurent pas dans le Canon juif de l'Ancien Testament : nous ne leur accordons naturellement aucune propriété d'inspiration, dans le même sens que nous le faisons pour les livres appartenant au Canon. (Demander pourquoi ne ferait que montrer que vous n'êtes pas très inspiré vous-même :-( , il suffit de les lire pour s'en rendre compte.)

 
 

Livre Traduction Info
Genèse Pierre Giguet (1794-1883)
A traduit la Septante en quatre volumes non réédités aujourd'hui.
Exode Giguet  
Lévitique Giguet
Nombres Giguet  
Deutéronome Giguet  
Josué Giguet  
Juges Giguet Giguet souvent modifié, puisqu'il suit le codex B, et Rahlfs le A.
Ruth Giguet  
1 Rois Giguet (1 Samuel dans nos Bibles)
2 Rois Giguet (2 Samuel dans nos Bibles)
3 Rois Giguet (1 Rois, donc)
4 Rois Giguet  
1 Chroniques Giguet De manière générale, la transcription en français des noms propres grecs semble assez fantaisiste chez Giguet. Nous n'avons pas cherché à la rendre plus cohérente, cette transcription n'offrant aucun intérêt, du point de vue de l'apprentissage du grec.
2 Chroniques Giguet  
1 Esdras André Canessa Traducteur contemporain, auteur d'une thèse (1997) sur ce livre apocryphe.
2 Esdras Giguet (Esdras + Néhémie dans nos Bibles)
Esther Giguet
Judith Giguet
Tobie Giguet  
1 Maccabées Louis-Claude Fillion (1843-1927)
Abbé érudit, auteur d'une version de la Bible commentée d'après la Vulgate, encore appréciée.
2 Maccabées Fillion  
3 Maccabées Edouard Reuss (1804-1891)
Sa traduction un peu verbeuse rend malaisée la correspondance avec le grec.
4 Maccabées André Dupont-Sommer (1900-1983)
Orientaliste français, surtout connu pour ses travaux sur les manuscrits de la Mer Morte.
Psaumes Giguet Giguet souvent modifié. Le texte a été théo-tutoyé car le vouvoiement devient rapidement insupportable à un protestant qui s'adresse à Dieu.
Proverbes Giguet  
Ecclésiaste Giguet  
Cantique des cantiques Giguet  
Job Giguet  
Sagesse de Salomon Giguet  
Siracide Crampon et Giguet La traduction du prologue (placé par commodité dans un 52ième chapitre) est de Giguet ; celle du corps, de l'Abbé Augustin Crampon (1826-1894), connu pour sa Bible édition 1905.
Psaumes de Salomon Joseph-Eugène Viteau (1859-1949) Chanoine, auteur entre autres d'une étude sur le grec du N.T. et de la Septante comparés.
Osée Giguet  
Amos Giguet  
Michée Giguet  
Joël Giguet  
Abdias Giguet  
Jonas Giguet  
Nahum Giguet  
Habakuk Giguet  
Sophonie Giguet  
Aggée Giguet  
Zacharie Giguet  
Malachie Giguet  
Esaïe Giguet  
Jérémie Giguet  
Baruch Crampon  
Lettre de Jérémie Crampon Connue encore comme le sixième chapitre de Baruch.
Ezéchiel Giguet  
Suzanne
(Théodotion)
Crampon Les trois derniers livres possèdent une version grecque primitive, que Théodotion, au deuxième siècle, a remaniée pour la rapprocher du texte hébreu.
Daniel
(Théodotion)
Giguet  
Bel
(Théodotion)
Crampon