Le dicton du peuple

POURQUOI Y A-T-IL TANT DE RELIGIONS DIFFERENTES ?

et la réponse de Jésus-Christ

 


 

- Pourquoi tant de religions différentes dans le monde ?

- Et pourquoi votre pourquoi ? est-ce une plainte ou une objection ?

- L'une et l'autre.

- Vous vous plaignez donc qu'il y ait plusieurs religions. Mais à qui la faute ? A Dieu ou à l'homme ? Qui les a faites, ces religions diverses, contradictoires, et par conséquent fausses ? Dieu a-t-il dit oui et non, blanc et noir ! ? A t-il recommandé en même temps Christ et Bouddha ?

- Je ne dis pas que cela vienne de Dieu.

- Alors cela vient des hommes, et c'est aux hommes qu'il faudrait s'en prendre. Ainsi, vous qui vous plaignez, vous avez probablement votre petit système de croyance que vous vous êtes fait à vous même.

- Sans doute ; chacun a ses idées en religion.

- Comme en politique.

- Eh bien ! plaignez-vous à vous-même de vous-même, car, pour votre part, vous contribuez à grossir le nombre des religions dans le monde. Peut-être ne vous manque-t-il que plus de puissance, plus d'esprit pour faire école.

Roi ou philosophe, vous feriez votre petite religion pour vos peuples et vos concitoyens, à moins que vous ne trouviez plus commode de leur laisser celle qu'ils auraient.

Ainsi tous les hommes, chacun selon pouvoir ou son intelligence, concourent à multiplier les religions. Si les religions sont nombreuses et diverses, c'est la faute de tout le monde, excepté de Dieu.

- Mais Dieu n'aurait-il pas pu mettre obstacle à cette confusion ?

- Comment ?

- En maintenant tous les hommes dans la même croyance...

- Expliquez-vous: voulez-vous dire que Dieu aurait du forcer ou persuader les hommes ?

- Les persuader si possible; sinon…

- Je vois que vous êtes de ces maîtres débonnaires qui consentent à ne faire violence qu'à ceux qui résistent. Mais remarquez que personne ne force ceux qui obéissent, et que par conséquent votre persuasion, aidée au besoin de la violence, c'est tout simplement de la tyrannie. Voilà donc que vous auriez voulu, que Dieu contraignit les hommes à croire ?

- Un peu !

- L'auriez-vous voulu pour vous ? Seriez-vous bien aisé de ne pouvoir penser que des choses arrêtées d'avance, de n'avoir pas la 1iberté de réfléchir et de choisir? Et, comme cette foi imposée aurait pour but final de diriger votre conduite, seriez-vous encore bien aise de faire ceci ou cela ? Voudriez-vous, comme le galérien, être conduit au travail, traîné par une chaîne, poussé par le bâton ! :

- Pas précisément

- Puisque vous ne le voudriez pas pour vous, ne le demandez pas pour les autres, et reconnaissez que Dieu a bien fait de nous laisser libres, même au risque de nous voir embrasser et former diverses religions. L'homme sans liberté ne serait plus l'homme; il serait moins que la brute. Car la brute, malgré ses instincts, peut encore choisir. Sans liberté, nous n'aurions plus d'option entre le bien et le mal, plus de responsabilité, plus de bonheur moral.

- Eh bien, je retire le mot de contrainte; je dis seulement Dieu aurait pu persuader, tout doucement persuader aux hommes de n'avoir qu'une religion.

- Mais c'est précisément ce qu'il a fait !

- Comment cela ?

- D'abord vous reconnaissez que Dieu n'a pu donner aux hommes ni deux ni plusieurs religions.

- J'en conviens.

- Vous reconnaissez, sinon qu'il en a donné une, du moins qu'il aurait pu le faire

- Je le reconnais.

- Vous avouez même qu'il eut sagement agi, en faisant accepter une croyance par la douce persuasion.

- C'est vrai.

- Si vous, dans votre petite sagesse, reconnaissez que Dieu devait recommander une religion aux hommes, une religion unique, n'est-il pas probable que Dieu a été aussi habile que vous et s'est conduit aussi prudemment que vous l'eussiez fait, en octroyant cette unique religion appuyée par de bonnes raisons ?

- Oui, comme vous dîtes, cela paraît probable ; mais en est-il ainsi ? Voilà la question.

- Très bien. A cette probabilité j'ajoute le fait : oui, Dieu a donné aux hommes une religion, et une religion unique : elle a commencé par Adam, suivi par Noé, Abraham, Moïse, David, les prophètes, Jésus Christ et ses Apôtres. ,Dans cette religion unique rentrent les juifs, les chrétiens et même les mahométans.

- Comment, juifs, chrétiens, mahométans, sont tous de la même religion ?

- Du moins tous se réclament de la même origine ; pour tous, Abraham est le père des croyants, et la Bible une révélation. Le tronc est unique, bien que les branches soient nombreuses. Dieu n'a donné qu'une religion, que les hommes ont hachée. Et, malgré tous les efforts humains pour dénaturer la révélation divine, je vous montre un tiers de l'humanité sous l'influence d'une unique religion.

- Je passe condamnation pour ce tiers ; mais les deux autres : pourquoi les avoir laissés dans une telle ignorance de la vérité ?

- Remarquez d'abord que ce n'est pas Dieu qui les laisse dans l'ignorance ; c'est bien nous, hommes, nommés chrétiens ; car Dieu a dit : Allez, enseignez toutes les nations. Si nous ne l'avons pas fait, le tort est encore à nous, non pas à Dieu.

- Oui, mais c'est dés l'origine que Dieu aurait dû donner une seule religion à tout le monde.

- Et ne voyez-vous pas que c'est ce qu'il a fait ? Le monde a commencé par une seule famille ; or pensez-vous que Dieu ait donné à Adam et Eve deux religions différentes, et ne croyez-vous pas que si les enfants d'Adam et d'Eve en ont plusieurs aujourd'hui en dehors de la Bible, c'est parce qu'eux-mêmes les ont créées ? C'est l'homme, toujours l'homme, abusant de sa liberté, qu'il faut accuser. Mais au fond de ces religions diverses, par les hommes inventées, on retrouve quelques traces de celle unique que Dieu leur avait révélée. Chez tous, la notion d'un Créateur, le souvenir d'un déluge, l'institution des sacrifices, l'attente d'un Sauveur, la prière, l'Esprit Saint, le pardon, le ciel : voilà les restes de cette religion primitive, donnée par Dieu, altérée par les hommes, et aujourd'hui tellement défigurée par les superstitions dont on l'a couverte, qu'il faut y regarder de près pour la reconnaître. Oui, au fond, non seulement de toutes les sectes chrétiennes, juives, musulmanes, mais encore au fond des religions idolâtres des Indes, de la Chine, de l'Océanie, de l'Afrique et du Nouveau-Monde, on retrouve des fragments de vérité qui, réunis, se trouveraient Constituer la religion unique que Dieu a donnée au monde, et que le monde a brisée au gré de ses passions.

- Mais qu'est-ce que les passions de l'homme ont à faire ici ?

- Elles sont la cause première de toute cette contusion. Ce sont elles qui ont multiplié les croyances, et ce sont elles qui, maintenant, se plaignent de cette multiplication.

- En sorte que moi, qui fais de cette multiplicité de croyances une objection contre l'existence d'une croyance unique et vraie, c'est aussi poussé par mes passions que je vous parle ?

- Précisément ; j'affirme même que, s'il n'y avait qu'une seule religion dans le monde entier, vous objecteriez alors contre elle comme maintenant contre toutes.

- Et voudriez-vous me dire quelle serait mon objection ?

- Volontiers. Vous me diriez : " Il est vrai qu'il n'y a qu'une doctrine, mais tout le monde n'y croit pas. Ce n'est pas la diversité des croyances chez les hommes qui m'arrête, c'est leur incrédulité. Si cette religion unique est vraie, pourquoi tout le monde n'y croit-il pas ? "

- Le raisonnement que vous m'attribuez n'est pas si mauvais.

- Je vais donc plus loin ; j'ose vous dire que, s'il n'y avait qu'une religion dans le monde et que tous les hommes fussent enclins à y croire, vous objecteriez encore.

- Quoi ?

- Vous diriez que cette foi est un instinct de la nature, un préservatif divin contre la crainte de la mort, un fruit de l'imagination humaine, une faiblesse de notre organisation... Que sais-je encore ? Vous trouveriez mille mots pour vous de faire d'une croyance unique qui gênerait votre liberté. Vous renverriez la religion aux vieillards pour les consoler et vous, encore jeune, penseriez n'en avoir pas besoin. Est-ce vrai ?

- Peut-être.

- Ce n'est pas tout. Je pense que s'il n'y avait qu'une religion sur la terre, acceptée par tous, jeunes et vieux, et que vous-même la sentiez s'imposer à votre conscience, même dans la vigueur de la jeunesse et de la santé, si tous les hommes croyaient en un avenir aussi naturellement qu'ils croient à leur passé, vous trouveriez encore un moyen de lutter contre votre propre persuasion.

- Pour le coup, c'est trop fort !

- Oui, vous posant en philosophe pour mieux abriter vos passions, vous diriez : " La foi est un instinct donné par le Créateur aux hommes, pour les rendre plus dociles à leurs gouvernants. Les intérêts des nations et des individus sont si divers, il est si facile d'éluder des lois, de cacher le mal, qu'il était bien nécessaire que le Créateur mît en nous comme un frein, une espérance, une crainte au-delà de la tombe. C'est une fraude, mais une fraude pieuse. Laissons donc les créatures croire, mais rapprochons-nous du Créateur, plaçons-nous au-dessus de l'instinct qui nous tyrannise, bon pour la foule, superflu pour l'homme qui y réfléchit. "

- Avec des suppositions, vous pouvez tout prouver.

- Mes suppositions sont des réalités. Il existe, en effet, une religion unique, acceptée de tout le monde, qui vient évidemment du Créateur et que cependant chacun repousse autant qu'il peut et ne pratique qu'à son corps défendant. -

- Laquelle ?

- Celle de 1a conscience. Certes, s'il y a quelque chose de certain, c'est que Dieu n'a donné qu'une seule et même conscience à tous les hommes. Voyez, cependant, combien les hommes l'ont dénaturée, tordue, rapetissée de mille et mille manière ! La conscience reçue de Dieu était une règle droite, unie, parfaite. Les hommes en ont fait une règle d'écolier, tachée, ébréchée, fendue, raccourcie, une règle de plomb qui se tord, s'allonge, s'amincit, comme un fil qui s'enroule en tous sens. Ce qu'on a fait de la conscience, on l'a fait aussi de la religion révélée, tordue par les uns, écornée par les autres, dénaturée par tous et quand chaque peuple en a gardé le lambeau qui lui convenait et rejeté la partie embarrassante, quand on est ainsi parvenu à faire de la religion primitive et vraie cent religions dérivées et fausses, on s'est écrié : " Pourquoi tant de religions différentes dans le monde ! "

C'est tout simplement parce que vous, qui vous en plaignez, avez multiplié l'unique que Dieu y avait mise.

- Ainsi, d'après vous, toutes les religions humaines se rattachent de près ou de loin à une seule religion divine ?

- Toutes.

- Et sans doute cette religion unique et divine, c'est la vôtre ?

- Non, car j'ai pu y mettre mes propres erreurs.

- C'est donc la mienne ?

- Non, car vous n'en avez point.

- Laquelle donc ?

- Celle de la Bible, commençant par Moïse et les prophètes, finissant par Jésus-Christ et les apôtres. En dehors de ce livre, il peut y avoir beaucoup de vérité, mais de la vérité entachée d'erreur. La Bible est une source qui coule et se répand au loin : le fleuve qui en sort couvre le monde, se ramifie à droite, à gauche ; mais, chemin faisant, il reçoit des torrents fangeux, la terre en s'y mêlant, ternit ses flots. Que faire pour avoir l'onde pure ? Tout simplement remonter à cette source : lire l'Evangile de Jésus- Christ, écrit par ses apôtres. Là, l'eau est si saine et si profonde, qu'en allant y boire vous êtes sûr de vous abreuver de pure vérité.

- Mais c'est vous, homme, qui me donnez ce conseil ; n'auriez-vous pas mêlé votre torrent fangeux au fleuve limpide ?

- Soit ; je vais donc me taire et laisser parler Jésus-Christ. Sondez les Ecritures, dit-il, car elles rendent témoignage de moi, et par elles vous espérez obtenir la vie éternelle. - Votre Bible est un livre si gros, si difficile...

- Oui. C'est un arbre magnifique, aux mille branches et aux rameaux touffus; mais allez tout de suite aux fruits; saisissez 1'Evangile, vous verrez combien il est doux et savoureux. Je suis doux et humble de cœur, vous dit Jésus; chargez mon joug qui est facile et mon fardeau qui est léger.

- Quel est ce joug ce fardeau ?

- Et vous, dites-moi: Quel est le joug, le fardeau que vous portez ?

- D'abord la misère, ensuite le travail, enfin 1a maladie.

- Rien de plus ?

- C'est bien assez !

- Vos péchés ne vous pèsent donc guère ?

- Ah !...

- Eh bien I voilà le fardeau dont Jésus veut vous soulager : celui qu'il vous offre en échange, c'est le pardon.

- Fardeau léger, en effet.

- Oui, pour vous, mais pesant pour Jésus-Christ.

- Comment ?

- Parce que pour vous pardonner il a dû porter votre fardeau sur la croix, en d'autres termes, mourir pour effacer vos fautes, et c'est pourquoi il ajoute maintenant : Venez à moi, et vous trouverez le repos de vos âmes !

- J'aimerais aussi trouver le repos de mon corps et de mon esprit !

- Jésus vous l'offre aussi ; écoutez l'histoire qu'il va vous raconter :

La terre d'un homme riche avait rapporté une abondante récolte, et il délibérait en lui-même, disant : Que ferais-je ? Car je n'ai plus de place pour rentrer mes fruits ? Et il dit : Voici ce que je ferai: J'abattrai mes greniers et j'en bâtirai de plus grands, et j'y serrerai rentrerai tout mon blé et mes biens, et je dirais à mon âme: Mon âme, tu as beaucoup de biens amassés,. pour beaucoup d'années; repose-toi, mange, bois, réjouis-toi. Mais Dieu lui dit : Insensé, cette nuit on doit te redemander ton âme; ce que tu as mis en réserve, à qui sera-t-il? Il en est ainsi de celui qui thésaurise pour lui-même et qui ne s'enrichit pas pour Dieu.

Puis Jésus dit à ses disciples :

C'est pourquoi je vous le déclare : ne vous inquiétez point pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de quoi vous serez vêtus ; car la vie est plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement Observez les oiseaux: ils ne sèment ni ne moissonnent; ils n'ont ni cellier ni grenier, et Dieu les nourrit. Combien ne valez-vous pas plus que des oiseaux : Et lequel de vous peut, par ses inquiétudes, ajouter une coudée à sa taille. Si donc vous ne pouvez pas la moindre chose, pourquoi vous inquiétez-vous du reste ! observez les lis. Comment croissent-ils ? ils ne travaillent ni ne filent ; cependant, je vous le déclare, Salomon, dans toute sa gloire, n'était pas même vêtu comme l'un d'eux ! Or, si Dieu revêt ainsi dans la campagne l'herbe qui vit aujourd'hui et qui demain est jetée au feu, à combien plus forte raison le fera-t-il pour vous, gens de peu de foi. Ne vous inquiétez pas de ce que vous mangerez et boirez ; votre Père sait ce dont vous avez besoin. Mais recherchez le royaume des cieux et sa justice et le reste vous sera donné par dessus.

- A votre compte, Jésus-Christ m'offre mon pardon et mon pain, le ciel et la terre. Je n'ai donc plus rien à faire ?

- Ce n'est pas ce que Jésus dit. Mais il dit qu'au lieu de vous inquiéter vous devez vous confier ou, selon le mot de la Bible, croire en Lui.

- Après cela, je n'ai plus rien à faire ?

- Non, qu'à veiller et prier !

 

Napoléon ROUSSEL
(1805-1878)


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