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Chapitre 4.
1 à 6 L'Esprit de Dieu nous prémunit contre l'esprit de l'antéchrist.
C'est-à-dire à tout docteur ou prophète qui parle et enseigne en se donnant pour inspiré de Dieu. (Comparer 1Corinthiens 14.32 ; 12.3,10 ; 2Thessaloniciens 2.2 ; 1Timothée 4.1) L'apôtre vient d'invoquer le témoignage du Saint-Esprit en nous, comme preuve que nous sommes en communion avec Dieu ; (1Jean 3.24) mais il se souvient que plusieurs prétendent à ce témoignage, tout en étant dans de mortelles erreurs, et il met ses frères en garde contre ces faux docteurs. Il répète ici des avertissements déjà donnés. (1Jean 2.18 et suivants) On remarque d'ailleurs (Krüger), dans le mouvement de la pensée de Jean, un parallélisme frappant entre les deux premières parties de l'épître. (1Jean 1.5-2.17 et 1Jean 2.28-3.18) Les deux développements, après des exhortations à l'amour fraternel, aboutissent à la question christologique. (1Jean 2.18-27 et versets 1-6)
Il y a des faux prophètes sous la nouvelle Alliance, comme il y en eut sous l'ancienne. Ils sont (grec) sortis dans le monde ; (2Jean 7) poussés par l'esprit de mensonge qui les anime, ils vont répandre leurs erreurs. Il est donc nécessaire d'éprouver les esprits (comparez 1Thessaloniciens 5.21) pour savoir s'ils sont de Dieu, c'est-à-dire si c'est Dieu qui les envoie, si l'Esprit de Dieu (verset 2) parle en eux. La doctrine qu'ils annoncent est le signe certain de la présence ou de l'absence de l'Esprit de Dieu. |
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Comparer 1Jean 2.22,23, notes.
Ici l'apôtre dit plus explicitement que dans le premier passage ce qu'il entend par confesser Jésus-Christ venu en chair : c'est professer la foi au Christ historique comme Fils de Dieu, comme Parole de Dieu qui est devenue chair, qui a revêtu notre humanité d'une manière réelle et définitive. Cette dernière pensée est exprimée par le participe parfait, qui indique un fait accompli dont les conséquences demeurent. (Voir sur l'incarnation Jean 1.14, 1re note et sur le mot chair appliqué à Jésus-Christ, Romains 1.3,4, note.)
La confession de Jésus-Christ, venu en chair est le principal signe auquel les chrétiens pourront discerner les esprits et savoir s'ils viennent de Dieu. Ce grand fait de l'incarnation implique celui de la rédemption.
"La divinité du Christ, l'incarnation, est le christianisme lui-même, et il est assez clair qu'elle ne saurait être rien de moins. Pour qui admet"Emmanuel"ou"la Parole faite chair,"tout est là, et cette doctrine est dès lors à celle de la rédemption ce que le contenant est au contenu." Vinet.
Ce fait entièrement reconnu nous prémunit contre toute erreur essentielle et montre que nous possédons la vérité sur Dieu, sur l'homme, sur le péché, sur l'uvre de la grâce en nous. Aussi Paul, quoique à un autre point de vue, tient-il le même langage que Jean. (2Corinthiens 5.19 ; Colossiens 1.13-20)
- Selon son habitude, Jean exprime sa pensée, d'abord positivement à verset 2, puis négativement au verset 3. Dans ce dernier verset, la leçon de B. A, que nous avons admise avec tous les critiques actuels, porte seulement les mots : "Et tout esprit qui ne confesse pas Jésus." En grec, ce dernier nom est précédé de l'article : le Jésus, qui vient d'être défini comme "venu en chair"
Le texte reçu porte : "Qui ne confesse pas Jésus Christ venu en chair." On suppose que cette formule a passé, par inadvertance, du verset 2 au verset 3. Mais il faut reconnaître que ces mots se lisent à verset 3 dans la Peschito et que le Sinaïticus les renferme, avec cette seule différence qu'il porte : "Jésus le Seigneur venu en chair."
Enfin la leçon complète se trouve déjà dans Polycarpe. (Ep. aux Philip. ch. 7) Elle est aussi plus en harmonie avec le style de Jean, qui aime ces antithèses symétriques. Si malgré ces raisons qu'on peut alléguer en sa faveur, les critiques s'accordent à admettre le texte plus simple : le Jésus, c'est, entre autres, à cause du témoignage de l'historien ecclésiastique Socrate (vers 440), qui rapporte que d'anciens manuscrits portaient : "Et tout esprit qui dissout Jésus, n'est point de Dieu." Cette variante se retrouve chez Irénée, Origine, Augustin et dans la Vulgate. Elle n'est probablement pas authentique, mais elle rend très bien la pensée contenue dans l'expression vague : qui ne confesse pas.
L'intention de Jean est de combattre l'erreur, naissante alors, qui consistait à dissoudre, à détruire Jésus, en séparant l'homme d'avec le Christ divin, qui ne se serait uni à lui que pour un temps, erreur appelée plus tard docétisme. Voilà pourquoi Jean unit étroitement ces deux termes : Jésus-Christ, venu en chair.
voir 1Jean 2.18, 2e note. D'autres traduisent : ne pas confesser Jésus, c'est là l'esprit ou le propre ou l'action de l'antechrist. Il faut du discernement pour reconnaître l'esprit de l'antechrist, parce qu'il se produit sous les dehors de la vérité. "Satan se déguise en ange de lumière." (2Corinthiens 11.14) |
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Celui qui est en vous, c'est Dieu qui habite, par son Saint-Esprit, dans l'âme de ceux qui sont "nés de lui." (1Jean 2.20,27 ; comparez 1Jean 3.9)
Par sa présence il leur atteste qu'ils sont de Dieu (versets 1,3) et il leur donne l'assurance d'une pleine victoire, puisque lui, qui est en eux, est plus grand, plus puissant que le prince de ce monde.
Cette victoire sur les prophètes de mensonge, ils l'ont déjà remportée et ils la remporteront jusqu'au bout, c'est ce qu'implique le verbe au parfait. (Comparer 1Jean 2.12,13 ; Jean 16.33) |
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Quand nous avons à "éprouver les esprits," voici le signe certain auquel nous discernerons l'esprit de la vérité et l'esprit de l'erreur : ceux qui ont le second, sont du monde et se trahissent par leur langage.
Ils parlent comme étant du monde, c'est-à-dire que, tout en prétendant avoir la vérité de Dieu, ils la proposent dans un esprit et sous des formes qui plaisent au monde, et c'est pour cela que le monde les écoute. Et cela même est un nouveau piège pour les enfants de Dieu, trop souvent tentés de voir dans le succès un signe de vérité.
Jean relève donc l'opposition irréductible qu'il y a entre l'esprit du monde et l'esprit de Dieu, entre le langage des faux docteurs qui recueille l'approbation du monde et le témoignage des chrétiens qui n'est reçu que par celui qui obéit à Dieu : Qui connaît Dieu nous écoute, qui n'est point de Dieu ne nous écoute pas. Et cette opposition, le Maître l'a exprimée aussi vivement que le disciple. (Jean 3.31 ; 8.23,47 ; 10.2-5 ; 18.37)
Quiconque donc veut l'affaiblir, l'effacer par un enseignement qui flatte les penchants du monde, n'a pas l'esprit de la vérité, mais l'esprit de l'erreur (grec de l'égarement). |