43. Et tous étaient frappés de la grandeur de Dieu.
Et comme tous étaient dans l'admiration de tout ce que Jésus faisait, il dit à ses disciples : 44. Pour vous, écoutez bien ces paroles : Le fils de l'homme doit être livré entre les mains des hommes. 45. Mais eux ne comprenaient point cette parole ; et elle leur était cachée, afin qu'ils ne la saisissent pas ; et ils craignaient de l'interroger au sujet de cette parole.
46. Or il survint entre eux une discussion : lequel d'entre eux était le plus grand. 47. Mais Jésus, voyant la pensée de leur cur, prit un petit enfant et le plaça auprès de lui, 48. et il leur dit : Quiconque recevra cet enfant en mon nom, me recevra ; et quiconque me reçoit, reçoit Celui qui m'a envoyé ; car celui qui est le plus petit entre vous tous, celui-là est grand. 49. Et Jean, prenant la parole, dit : Maître, nous avons vu quelqu'un qui chassait des démons en ton nom, et nous l'avons empêché, parce qu'il ne te suit pas avec nous. 50. Mais Jésus lui dit : Ne l'empêchez point ; car celui qui n'est pas contre vous est pour vous.
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NOTES
| 9.43 |
Et tous étaient frappés de la grandeur de Dieu. Et comme tous étaient dans l'admiration de tout ce que Jésus faisait, il dit à ses disciples : |
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43b à 50 Nouvelle annonce de la Passion. Humilité et tolérance.
Ou de la magnificence de Dieu, de sa puissance, de sa bonté. Tous les miracles du Sauveur, ayant un but de bienfaisance, sont des uvres à la fois de puissance et d'amour, et sont une manifestation de ces deux perfections divines. |
| 9.44 |
Pour vous, écoutez bien ces paroles : Le fils de l'homme doit être livré entre les mains des hommes. |
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Pour vous, mes disciples, qui devez vous distinguer de la multitude et ne pas partager son enthousiasme charnel, (grec) mettez dans vos oreilles ces paroles ; des paroles dans lesquelles Jésus annonçait ses prochaines souffrances, au moment même où "tous étaient dans l'admiration de ce qu'il faisait." (verset 43)
Luc met ainsi cette nouvelle prédiction des souffrances de Jésus dans un rapport immédiat avec ce qui précède ; Matthieu (Matthieu 17.22,23) et Marc (Marc 9.30-32, voir les notes) la font coïncider avec le retour de Jésus en Galilée, qui eut lieu peu de temps après la transfiguration.
Celui qui venait de révéler avec autant de puissance que d'amour la grandeur de Dieu, (verset 43) livré entre les mains des hommes ! Quel contraste ! Quelle preuve que son sacrifice sera parfaitement volontaire ! |
| 9.45 |
Mais eux ne comprenaient point cette parole ; et elle leur était cachée, afin qu'ils ne la saisissent pas ; et ils craignaient de l'interroger au sujet de cette parole. |
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La parole de la croix est toujours pour l'homme naturel un mystère, si elle ne lui est pas folie ou scandale. Ici, non seulement les disciples ne la comprenaient point, mais elle leur était cachée par une dispensation de Dieu, afin qu'ils ne la saisissent pas.
Leur aveuglement entraînait une sorte de jugement de Dieu. En effet, leur ignorance n'était pas purement intellectuelle, elle avait des causes morales ; ils comprenaient assez les paroles de Jésus pour en être "fort attristés," (Matthieu 17.23) mais dans leur peur de la souffrance, ils craignaient de l'interroger au sujet de cette parole. (Marc 9.32, d'accord avec Luc.)
S'ils avaient eu le courage de l'interroger, Jésus les aurait instruits plus complètement. |
| 9.46 |
Or il survint entre eux une discussion : lequel d'entre eux était le plus grand. |
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Voir, sur ce trait, Matthieu 18.1-6, notes, et Marc 9.33-37, notes.
Marc raconte avec plus de détails l'origine de cette discussion, tandis que Matthieu rapporte d'une manière plus complète l'instruction de Jésus dont elle fut l'occasion.
- C'est le même mot grec que nous traduisons ici par discussion, et au verset suivant par pensée.
Jésus, d'après Marc, avait remarqué qu'une contestation s'était élevée entre les disciples en chemin, et, arrivés à la maison, il leur en avait demandé le sujet.
Ce qui n'empêche pas que le mot de Luc (verset 47) voyant (Sin., B : sachant) la pensée de leur cur, ne conserve toute sa signification. Jésus seul, en effet, pénétrait et appréciait à sa juste valeur morale la pensée d'orgueil qui était, selon les termes de l'original, entrée en eux. |
| 9.48 |
et il leur dit : Quiconque recevra cet enfant en mon nom, me recevra ; et quiconque me reçoit, reçoit Celui qui m'a envoyé ; car celui qui est le plus petit entre vous tous, celui-là est grand. |
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Dans Matthieu, Jésus présente tout d'abord ce petit enfant comme type d'humilité, ce qui est certainement la vraie pensée du Sauveur.
Luc l'exprime par les derniers mots de ce verset 48. Seulement, au lieu de parler au futur, comme Matthieu, en vue du royaume des cieux : sera grand, il parle (selon Sin., B, C) au présent : est grand, appliquant immédiatement aux disciples la leçon qu'il leur donne par le petit enfant.
Puis les trois évangélistes se rencontrent dans cette seconde pensée, que quiconque est assez humble et moralement assez intelligent pour savoir estimer et recevoir avec amour un tel petit enfant, dans le nom de Jésus, le reçoit lui-même et, en lui, Celui qui l'a envoyé. |
| 9.50 |
Mais Jésus lui dit : Ne l'empêchez point ; car celui qui n'est pas contre vous est pour vous. |
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Voir, sur cet entretien, Marc 9.38,39, notes.
- Le texte reçu avec les majuscules récents porte : contre nous, pour nous. C'est une erreur occasionnée par le nous du verset précèdent, ou une leçon empruntée à Marc 9.40.
Sin., A et quelques autres ont : contre vous...pour nous ; B, C. D, l'Itala, la Syriaque : contre vous...pour vous. Cette dernière leçon est la plus probable dans Luc.
Jésus se met hors de cause et ne parle que de ses disciples. A Luc 11.23, il dira : "Celui qui n'est pas avec moi est contre moi." Voir, sur l'accord de ces deux sentences, qui semblent contradictoires, Marc 9.40, note.
Jésus seul peut s'appliquer la dernière dans un sens absolu, car, en sa présence, il n'y a pas de neutralité possible. Ses disciples doivent se contenter de la première, et admettre que ceux qui ne sont pas contre eux sont pour eux. L'intérêt bien entendu de la cause de leur Maître les y invite et la charité leur en fait un devoir. Ils ne sauraient prétendre à une domination absolue sur les âmes, comme Jésus a seul le droit de l'exercer. |
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