1. Quiconque croit que Jésus est le Christ, est né de Dieu ; et quiconque aime Celui qui l'a engendré, aime aussi celui qui est né de lui. 2. A ceci nous connaissons que nous aimons les enfants de Dieu, lorsque nous aimons Dieu, et que nous pratiquons ses commandements. 3. Car voici en quoi consiste l'amour de Dieu : que nous gardions ses commandements. Et ses commandements ne sont point pénibles ; 4. parce que tout ce qui est né de Dieu remporte la victoire sur le monde, et la victoire qui a vaincu le monde, c'est notre foi. 5. Qui est celui qui remporte la victoire sur le monde, sinon celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ?
6. C'est lui, Jésus-Christ, qui est venu avec de l'eau et du sang ; non avec l'eau seulement, mais avec l'eau et le sang ; et c'est l'Esprit qui en rend témoignage, parce que l'Esprit est la vérité. 7. Car il y en a trois qui rendent témoignage : 8. l'Esprit, l'eau et le sang ; et ces trois sont unanimes. 9. Si nous recevons le témoignage des hommes, le témoignage de Dieu est plus grand ; car c'est là le témoignage de Dieu, puisqu'il a rendu témoignage à son Fils. 10. Celui qui croit au Fils de Dieu, a ce témoignage au dedans de lui-même ; celui qui ne croit pas Dieu, le fait menteur, parce qu'il n'ajoute pas foi au témoignage que Dieu a rendu à son Fils. 11. Et voici ce témoignage : c'est que Dieu nous a donné la vie éternelle ; et cette vie est en son Fils. 12. Qui a le Fils, a la vie ; qui n'a pas le Fils de Dieu, n'a pas la vie. 13. Je vous ai écrit ces choses, afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui croyez au nom du Fils de Dieu.
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NOTES
| 5.1 |
Quiconque croit que Jésus est le Christ, est né de Dieu ; et quiconque aime Celui qui l'a engendré, aime aussi celui qui est né de lui. |
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Chapitre 5.
1 à 13 La foi en Jésus-Christ, victorieuse du monde, fondée sur le témoignage de Dieu qui nous donne la vie éternelle.
Croire que Jésus est le Christ n'est pas simplement, dans la pensée de l'apôtre, croire en Jésus-Christ ; par ces mots, il reprend sa polémique contre ceux qui séparaient l'homme Jésus du Christ divin. (Comparer 1Jean 2.22 ; 4.2,3, note, 1Jean 4.15, note.)
Mais ici comme partout, il revient immédiatement aux présuppositions et aux conséquences pratiques de cette foi. Ainsi la foi en Jésus comme Christ prouve la régénération. Celui qui la possède est né de Dieu ; et comme celui qui est né de Dieu aime, cela va sans dire, Celui qui l'a engendré, il aime aussi celui qui est né de lui. Sa foi est la source de son amour pour ceux qui sont les enfants du même Père. (1Jean 4.20,21)
Dans toute cette exhortation à l'amour fraternel (1Jean 3.11 et suivants ; 1Jean 4.7 et suivants), Jean suppose constamment que cet amour est le fruit de la foi. (1Jean 4.7, 2e note.) Mais ici il affirme de manière à écarter toute erreur, qu'il entend un amour spécial et d'une nature toute divine, qu'éprouvent ceux qui sont nés de Dieu, pour leurs frères également nés de lui, pour ceux qu'il appelle, au verset suivant : les enfants de Dieu. |
| 5.2 |
A ceci nous connaissons que nous aimons les enfants de Dieu, lorsque nous aimons Dieu, et que nous pratiquons ses commandements. |
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Jusqu'ici l'apôtre a fait de l'amour fraternel un signe du véritable amour pour Dieu ; (1Jean 4.20,21) maintenant il énonce la proposition inverse.
L'amour pour Dieu qui consiste à pratiquer ses commandements est la pierre de touche de l'amour fraternel.
L'amour qui n'accomplit pas toute la volonté de Dieu envers nos frères n'est qu'un vain et stérile sentiment, qui fait plus de mal que de bien, parce qu'il ne nous porte pas à aimer "en uvre et en vérité." (1Jean 3.18)
Nous n'aimons vraiment nos frères que lorsque nous aimons Dieu, et dans la proportion où nous l'aimons et lui obéissons. Et tout cela n'a lieu que lorsque nous sommes "nés de lui." (verset 1) |
| 5.3 |
Car voici en quoi consiste l'amour de Dieu : que nous gardions ses commandements. Et ses commandements ne sont point pénibles ; |
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1Jean 2.3,4,Jean 14.15,21. L'amour produit toujours l'obéissance. |
| 5.5 |
Qui est celui qui remporte la victoire sur le monde, sinon celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ? |
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Comparer Matthieu 11.30.
Les commandements de Dieu sont très pénibles à ceux qui ne l'aiment pas, (verset 3) et qui sont incapables de les accomplir. (Romains 8.7)
Quant aux enfants de Dieu, la seule chose qui pourrait les leur rendre pénibles (Grec : "pesants"), ce serait l'opposition du monde, (1Jean 2.15,16, note) soit au dehors, soit au dedans d'eux ; mais tout ce qui est né de Dieu, (verset 1) ce qui est animé de son Esprit, pénétré de son amour, remporte la victoire sur le monde, sur ses séductions ou ses menaces. (1Jean 4.4)
Et le moyen par lequel nous remportons cette victoire, c'est notre foi, (verset 4) mais une foi qui a pour objet le Fils de Dieu (verset 1, comparez Jean 20.31), le tout-puissant Sauveur auquel elle nous unit intimement. Notre chef a déjà vaincu le monde et il nous rend participants de sa victoire. (Jean 16.33)
- Par ces mots, Jean revient au grand principe exprimé à verset 1, et, après avoir ainsi attribué toutes choses à la foi, il va en montrer le fondement. |
| 5.6 |
C'est lui, Jésus-Christ, qui est venu avec de l'eau et du sang ; non avec l'eau seulement, mais avec l'eau et le sang ; et c'est l'Esprit qui en rend témoignage, parce que l'Esprit est la vérité. |
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Grec : Celui-ci, ce Jésus présenté à verset 5 comme l'objet de la foi, est celui qui est venu avec (grec moyennant) de l'eau et du sang ; non avec (ou dans) l'eau seulement, mais avec (ou dans) l'eau et le sang.
En ces termes, Jean caractérise le Sauveur auquel notre foi doit s'attacher pour être victorieuse du monde.
Celui qui est venu, ce participe passé montre que l'apôtre pense au fait historique de l'apparition de Jésus. C'est ce fait qu'exprime toujours le verbe venir dans la langue de notre apôtre.
Les mots : avec de l'eau et avec du sang doivent donc s'entendre de faits qui ont marqué dans la carrière terrestre du Christ ; ils désignent son baptême et sa mort sur la croix. On a voulu y voir la mention du baptême et de la cène institués par Christ. Si telle avait été la pensée de Jean, il aurait dû écrire : Celui qui vient avec de l'eau et avec du sang ; et même ce dernier terme serait bien insolite pour désigner la cène.
Enfin, il n'y a pas lieu d'admettre, avec Augustin et les anciens interprètes, une allusion au trait de la Passion du Sauveur rapporté Jean 19.34. Si l'apôtre relève spécialement le baptême de Jésus et son supplice sanglant, c'est que le premier a inauguré son uvre rédemptrice, le second l'a consommée. Et dans ces deux circonstances, Dieu l'a proclamé son Fils et l'a fait connaître comme tel. (Jean 1.31-34 ; 8.28 ; 19.32-36)
Jean ajoute : non avec l'eau seulement, mais avec le sang ; le Christ n'a pas seulement reçu le baptême, il a subi la mort de la croix.
Cette affirmation est opposée aux enseignements des faux docteurs que Jean combat (1Jean 2.22 ; 4.1-3) Ceux-ci prétendaient qu'au moment du baptême, le Christ, le Fils de Dieu s'était uni à l'homme Jésus, mais l'avait abandonné avant sa mort. L'apôtre affirme, au contraire que le Fils de Dieu est mort, que sa mort, aussi bien que son baptême, fait partie de l'uvre messianique, que la foi qui sauve, c'est la foi au Fils de Dieu, qui s'est solidarisé, par le baptême, avec notre humanité pécheresse et qui a donné pour elle sa vie sur la croix.
Et qu'est ce qui certifie au croyant l'efficacité de l'uvre accomplie par le Fils de Dieu ? Le témoignage du Saint-Esprit. C'est l'Esprit que en rend témoignage, dit Jean. Il entend par l'Esprit non la vie spirituelle du croyant, mais l'Esprit de Dieu tel qu'il a agi dès la Pentecôte dans le cur des disciples de Christ pour les régénérer, en faisant de la vie et de la mort de leur Sauveur les moyens de produire en eux une vie nouvelle. En la créant et en l'entretenant en eux, l'Esprit rend témoignage de l'efficacité de l'uvre de Christ, il l'atteste aux yeux du monde et il édifie la foi des disciples sur le fondement inébranlable d'une expérience intime.
L'Esprit rend ce témoignage, il le rend avec une puissance irrésistible, parce que l'Esprit est la vérité, Il l'est, comme Christ l'est lui-même, (Jean 14.6) en tant qu'il est "la vie," la vie de Dieu manifestée et communiquée aux hommes, et, par conséquent, la réalité suprême. |
| 5.8 |
l'Esprit, l'eau et le sang ; et ces trois sont unanimes. |
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Confirmation du verset précédent (car).
Notre foi repose sur le triple témoignage de l'Esprit, de l'eau et du sang (voir la note précédente).
Et ces trois sont unanimes, (grec) sont pour le seul et même but, tendent à un but unique ; leur témoignage se rapporte au même fait, il fonde la certitude que Jésus est le Fils de Dieu et le Sauveur qui nous rend victorieux du monde. (verset 5)
- Dans le texte reçu la teneur de versets 7,8 est accrue par une interpolation célèbre dans l'histoire du texte du Nouveau Testament : "Car il y en a trois qui rendent témoignage dans le ciel : le Père, la Parole et le Saint-Esprit, et ces trois-là sont un. Et il y en a trois qui rendent témoignage sur la terre : l'Esprit, l'eau et le sang, et ces trois se rapportent à un."
- Les mots en italique sont inauthentiques. Ils ont leur origine dans une fausse interprétation de versets 6,7 (début du verset).
Quelques écrivains anciens (Cyprien) ont vu dans les trois qui rendent témoignage, une allusion à la Trinité. Cette interprétation, d'abord écrite en marge d'un manuscrit, aura été admise dans le texte par un copiste ignorant.
Ces paroles ne se trouvent dans aucun manuscrit grec, excepté dans un qui date du seizième siècle, et dans un gréco-latin du quinzième siècle. Elles manquent également dans presque toutes les versions anciennes, dans tous les Pères de l'Eglise grecque, qui auraient eu tant d'intérêt à les produire dans les controverses ariennes, et chez beaucoup d'écrivains de l'Eglise latine, tels que Tertullien, Hilaire, Ambroise, Augustin, Jérôme.
Elles apparaissent pour la première fois vers la fin du cinquième siècle dans des versions latines en Afrique, puis, dès le dixième siècle dans les manuscrits de la Vulgate.
Dans le Nouveau Testament grec imprimé par Erasme, elles ne furent point admises pour les éditions de 1516 et 1519 ; elles ne jouirent de cette faveur que dans l'édition de 1622, d'où elles passèrent dans les éditions de Robert Etienne, de Bèze et des Elzévir, c'est-à-dire dans le texte reçu dès lors.
Luther ne les a jamais acceptées dans sa version allemande et ce ne fut que longtemps après sa mort, en 1581, qu'elles y furent introduites.
Calvin adopte cette leçon tout en reconnaissant combien elle est contestable, mais le commentaire qu'il en donne montre assez combien elle est peu en harmonie avec la pensée de l'apôtre. Elle l'interrompt, en effet, et cela pour y ajouter une idée dogmatique qui, ici, n'a aucun sens. Enfin, on sait que jamais la doctrine de la Trinité n'a été formulée de cette manière pendant l'ère apostolique. C'est par ces raisons historiques et exégétiques que tous les critiques de nos jours rejettent du texte la glose qui nous occupe. |
| 5.9 |
Si nous recevons le témoignage des hommes, le témoignage de Dieu est plus grand ; car c'est là le témoignage de Dieu, puisqu'il a rendu témoignage à son Fils. |
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D'après une disposition de la loi, à laquelle Jean pensait sans doute déjà en parlant des trois témoins, (verset 7) et qu'il rappelle positivement ici, le témoignage des hommes, solennellement rendu en justice, était reçu lorsque les déclarations de deux ou trois témoins concordaient. (Deutéronome 17.6 ; 19.15,Matthieu 18.16 ; Jean 8.17)
Or, si le témoignage des hommes nous inspire une confiance qui forme notre conviction, que sera-ce du témoignage de Dieu qu'il a rendu de son Fils, et qui repose sur le triple fondement indiqué par l'apôtre ? (verset 6)
D'autres traduisent : "car voici le témoignage de Dieu, c'est qu'il a rendu témoignage à son Fils ;" le témoignage de Dieu consiste dans le témoignage qu'il a rendu à son Fils. |
| 5.10 |
Celui qui croit au Fils de Dieu, a ce témoignage au dedans de lui-même ; celui qui ne croit pas Dieu, le fait menteur, parce qu'il n'ajoute pas foi au témoignage que Dieu a rendu à son Fils. |
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Celui qui croit au Fils de Dieu n'a pas seulement le témoignage que Dieu a rendu au Sauveur à son baptême, dans toute sa vie sur la terre, et à sa mort, (versets 6,9) mais il a ce témoignage au dedans de lui, vivant, intime, personnel. Il fait l'expérience du témoignage que le Saint Esprit rend à Jésus-Christ comme Sauveur. (verset 6, note.)
Aucune négation ne saurait ébranler, aucun doute faire défaillir sa foi. Toutes les autres preuves peuvent avoir leur utilité, mais il n'en a plus besoin pour son salut (Comparer Romains 8.16, note)
C'est se mettre en contradiction directe avec Dieu, le faire menteur, (1Jean 1.10) que de ne pas croire après avoir connu le témoignage qu'il a rendu de son Fils. Cette incrédulité volontaire est un péché qui entraîne la condamnation. (Jean 3.18) |
| 5.12 |
Qui a le Fils, a la vie ; qui n'a pas le Fils de Dieu, n'a pas la vie. |
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Ce témoignage, dont Jean indique le magnifique contenu, (verset 11) n'est pas un autre que celui dont il a parlé jusqu'ici. (versets 6-9) Il le considère seulement à un autre point de vue, c'est a dire dans l'expérience des croyants.
Pour eux, le témoignage de Dieu est irrécusable, évident, parce qu'il porte sur un fait actuellement accompli en eux : Dieu nous a donné la vie éternelle : (verset 11) celui qui a le Fils a la vie, il le sait, il ne peut en douter. (verset 12) Mais comme cette vie éternelle est tout entière et exclusivement en son Fils, (verset 11) il en résulte nécessairement que quiconque n'a pas le Fils de Dieu ne saurait avoir la vie. |
| 5.13 |
Je vous ai écrit ces choses, afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui croyez au nom du Fils de Dieu. |
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Le texte reçu (majuscules) place les mots : à vous qui croyez au Fils de Dieu, après : je vous ai écrit ; et à la fin du verset il porte : et afin que vous croyiez au nom du Fils de Dieu.
- Par ces paroles l'apôtre résume tout ce qu'il vient de dire (versets 6-12) et indique clairement le but de toute son épître, comme il le fait à la fin de son Evangile. (Jean 20.31)
Il écrit afin d'affermir ceux qui croient dans l'assurance de la vie éternelle. Ils savent qu'ils la possèdent actuellement : ils le savent, d'une part, par le témoignage de Dieu, (versets 6-9) d'autre part, par l'expérience qu'ils en ont en eux mêmes. (verset 10) Cette affirmation est répétée trois fois solennellement ci-dessous : nous savons. (versets 18,19,20) |