Actes   16.13  à  16.40

13. Le jour du sabbat nous allâmes hors de la porte, près d'une rivière, où nous pensions que se trouvait un lieu de prière. Et nous étant assis, nous parlions aux femmes qui s'y étaient assemblées. 14. Et une certaine femme, nommée Lydie, de la ville de Thyatire, marchande de pourpre, qui craignait Dieu, écoutait ; et le Seigneur lui ouvrit le cœur pour qu'elle fût attentive aux choses que Paul disait. 15. Or, dès qu'elle eut été baptisée, avec sa famille, elle nous pria, en disant : Si vous m'avez jugée fidèle au Seigneur, entrez dans ma maison et demeurez-y ; et elle nous y obligea.

16. Or, il arriva, comme nous allions au lieu de prière, qu'une servante qui avait un esprit de Python et qui, en devinant, apportait un grand profit à ses maîtres, nous rencontra. 17. Elle nous suivait, Paul et nous, et criait, disant : Ces hommes-là sont des serviteurs du Dieu très haut, ils vous annoncent la voie du salut. 18. Or elle fit cela pendant plusieurs jours. Mais Paul, en étant importuné, se retourna et dit à l'esprit : Je te commande au nom de Jésus-Christ de sortir d'elle. Et il sortit à l'heure même. 19. Mais ses maîtres, voyant disparaître l'espérance de leur gain., se saisirent de Paul et de Silas, et les traînèrent sur la place publique, devant les magistrats. 20. Et les ayant conduits aux préteurs, ils dirent : Ces hommes-là troublent notre ville ; ce sont des Juifs, 21. et ils annoncent des coutumes qu'il ne nous est pas permis de recevoir ni de suivre, à nous qui sommes Romains. 22. Et la foule se souleva contre eux, et les préteurs firent arracher leurs vêtements et ordonnèrent qu'ils fussent battus de verges. 23. Et après qu'on leur eut infligé beaucoup de coups, ils les jetèrent en prison, ordonnant au geôlier de les garder sûrement. 24. Celui-ci ayant reçu un tel ordre, les jeta dans la prison intérieure, et fixa leurs pieds dans les ceps. 25. Or, sur le minuit, Paul et Silas, étant en prières, chantaient les louanges de Dieu, et les prisonniers les écoutaient. 26. Et tout d'un coup il se fit un grand tremblement de terre, en sorte que les fondements de la prison furent ébranlés, et aussitôt toutes les portes furent ouvertes, et les liens de tous furent détachés. 27. Et le geôlier, s'étant réveillé et voyant les portes de la prison ouvertes, tira son épée et allait se tuer, croyant que les prisonniers s'étaient enfuis. 28. Mais Paul lui cria d'une voix forte : Ne te fais point de mal ; car nous sommes tous ici. 29. Et ayant demandé de la lumière, il entra précipitamment, et, tout tremblant, se jeta aux pieds de Paul et de Silas ; 30. et les ayant conduits dehors, il dit : Seigneurs, que faut-il que je fasse pour être sauvé ? 31. Et eux dirent : Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et ta famille. 32. Et ils lui annoncèrent la parole du Seigneur, ainsi qu'à tous ceux qui étaient dans sa maison. 33. Et les ayant pris à cette même heure de la nuit, il lava leurs plaies. Et aussitôt il fut baptisé, lui et tous les siens. 34. Et les ayant conduits dans sa maison, il leur servit à manger, et il se réjouit avec toute sa maison de ce qu'il avait cru en Dieu.

35. Or le jour étant venu, les préteurs envoyèrent les licteurs, disant : Relâche ces hommes. 36. Et le geôlier rapporta ces paroles à Paul : Les préteurs ont envoyé dire qu'on vous relâchât ; sortez donc maintenant, et vous en allez en paix. 37. Mais Paul leur dit : Après nous avoir battus de verges publiquement, sans jugement, nous qui sommes Romains, ils nous ont jetés en prison ; et maintenant ils nous mettent dehors en secret ! Non certes, mais qu'ils viennent eux-mêmes et nous conduisent dehors. 38. Et les licteurs rapportèrent ces paroles aux préteurs. Ceux-ci prirent peur en apprenant qu'ils étaient Romains. 39. Et ils vinrent les apaiser, et les ayant conduits hors de la prison, ils leur demandaient de quitter la ville. 40. Et étant sortis de la prison, ils entrèrent chez Lydie ; et ayant vu les frères, ils les exhortèrent et partirent.

PLAN
  1. Lydie
    a) Un auditoire de femmes au bord de la rivière. Le sabbat venu, les messagers de l'Evangile se rendent au bord de la rivière, où ils comptent trouver des Juifs réunis pour la prière. Ils y parlent à des femmes. (13.)
    b) Le Seigneur ouvre le cœur de Lydie. Lydie, marchande de pourpre, prosélyte, écoute la prédication de l'Evangile, et Dieu la dispose à recevoir les paroles de Paul. (14.)
    c) Lydie ouvre sa maison aux envoyés du Seigneur. Après qu'elle a été baptisée, ainsi que sa famille, elle contraint les évangélistes à élire domicile chez elle. (15.)
  2. La conversion du geôlier
    a) La servante devineresse. En se rendant au lieu de prières, les évangélistes rencontrent une esclave qui avait un esprit de Python et qui faisait gagner beaucoup d'argent à ses maîtres en prédisant l'avenir. Cette esclave les désigne comme des serviteurs de Dieu qui annoncent le salut. Elle répète plusieurs jours ses déclarations, et Paul impatienté ordonne à l'esprit de sortir de cette femme. (16-18.)
    b) Paul et Silas fouettés et emprisonnés. Les maîtres de l'esclave se voyant privés de leur gain traînent devant les magistrats Paul et Silas, les traitant de Juifs qui troublent la ville et prêchent une religion-non autorisée. Une émeute se produit, et les préteurs, après avoir fait battre Paul et Silas, les jettent en prison, en recommandant au geôlier de les bien garder. Il les met dans la prison intérieure et leur serre les pieds dans des ceps. (19-24.)
    c) Les prisonniers délivrés par le tremblement de terre. Vers minuit, Paul et Silas, en prières, chantent. Les autres prisonniers les écoutent. Un tremblement de terre ébranle la prison ; les portes s'ouvrent, les liens de ceux qui sont enchaînés se détachent. (25, 26.)
    d) Le geôlier sauvé par ses prisonniers. Le geôlier, croyant à la fuite des hommes, dont il a la garde, veut se tuer. Paul lui crie qu'ils sont tous là. Le geôlier demande de la lumière, entre dans le cachot, se jette aux pieds de Paul et de Silas en disant : Que faut-il que je fasse pour être sauvé ? Ils lui répondent : Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et ta famille. Ils évangélisent tous ceux qui sont dans la maison. (27-32.)
    e) Le geôlier témoigne son amour à Paul et Silas et goûte la joie du salut. Il lave les plaies de Paul et Silas, puis il est baptisé avec toute sa famille. Il les accueille dans son appartement, leur sert à manger et se réjouit de sa foi nouvelle. (33, 34.)
  3. Paul et Silas, honorablement libérés, quittent Philippes
    Le jour venu, les préteurs envoient au geôlier l'ordre de relâcher Paul et Silas. Le geôlier leur offre de sortir en liberté. Paul refuse ; invoquant le fait qu'eux, citoyens romains, ont été frappés publiquement et emprisonnés sans jugement, il exige que les magistrats viennent eux-mêmes les conduire hors de la prison. Informés de ce désir par les licteurs, les préteurs sont effrayés d'apprendre que Paul et Silas sont citoyens romains. Ils viennent leur présenter des excuses et les prient de quitter la ville. C'est ce que font Paul et Silas, après s'être rendus chez Lydie et avoir exhorté les frères qui s'y trouvaient réunis. (35-40.)
NOTES
16.13 Le jour du sabbat nous allâmes hors de la porte, près d'une rivière, où nous pensions que se trouvait un lieu de prière. Et nous étant assis, nous parlions aux femmes qui s'y étaient assemblées.
  13 à 40 Fondation de l'Eglise de Philippes.

Hors de la porte est la leçon de Sin, B, A, C, D.

Le texte reçu : hors de la ville, a le même sens.

Nous pensions que se trouvaient est le texte de Sin., C, admis par la plupart des éditeurs.

M. Wendt préfère le texte reçu (majuscules récents, minusc.) : où avait coutume de se trouver un lieu de prière.

M. Blass propose de changer une lettre du texte de B et de lire : où ils avaient coutume d'être en prière.

Les Juifs s'assemblaient volontiers près d'une rivière, dont les eaux servaient à leurs ablutions. C'est là qu'ils établissaient de préférence leurs synagogues.

Le lieu de prières, mentionné dans notre passage, était-il un bâtiment ou un simple rendez-vous en plein air ?

Le texte laisse ce point indécis. La rivière, dont il est question, n'était pas le Strymon, trop éloigné, mais probablement un de ses affluents appelé Gangas, Gangites ou Angites.

- On ignore pourquoi l'assemblée n'était composée que de femmes. Peut-être étaient-elles restées après le culte pour entendre ces étrangers. Calvin pense que les hommes étaient absents par indifférence. Il est probable qu'ils étaient en petit nombre à Philippes. La colonie israélite se composait surtout de Juives qui avaient épousé des païens, et de prosélytes, comme Lydie.

La religion d'Israël gagnait des adhérents parmi les femmes plus que parmi les hommes.

16.14 Et une certaine femme, nommée Lydie, de la ville de Thyatire, marchande de pourpre, qui craignait Dieu, écoutait ; et le Seigneur lui ouvrit le cœur pour qu'elle fût attentive aux choses que Paul disait.
  Thyatire (Apocalypse 2.18) était en Lydie, dans l'Asie Mineure.

Bien que Lydie fût un nom de femme assez fréquent, il est possible que celle-ci fut ainsi appelée d'après son pays natal.

Cette contrée partageait avec la Phénicie l'industrie des étoffes de pourpre, dont Lydie faisait commerce.

Ces mots : qui craignait Dieu, montrent qu'elle était née païenne, mais prosélyte Juive.

Ses besoins religieux n'étaient pourtant pas encore satisfaits, c'est pourquoi elle écoutait.

Mais pour être attentive à la parole divine, (Actes 8.6) pour qu'elle la comprit et la reçût, il fallut que le Seigneur lui ouvrît le cœur. (Luc 24.45)

16.15 Or, dès qu'elle eut été baptisée, avec sa famille, elle nous pria, en disant : Si vous m'avez jugée fidèle au Seigneur, entrez dans ma maison et demeurez-y ; et elle nous y obligea.
  Lydie fut baptisée avec sa famille, sans recevoir une instruction prolongée, simplement sur la confession de sa foi en Jésus-Christ son Sauveur. C'est ce que nous voyons partout dans le livre des Actes.

- Il est inutile de se demander si dans sa famille, et dans celle du geôlier, (verset 33) il y avait de petits enfants, et s'ils furent aussi baptisés, le texte ne le dit pas.

Même verbe que Luc 24.29. (Voir la note.)

Première marque touchante de cet amour chrétien qui naît avec la foi. (Comparer versets 33,34)

16.16 Or, il arriva, comme nous allions au lieu de prière, qu'une servante qui avait un esprit de Python et qui, en devinant, apportait un grand profit à ses maîtres, nous rencontra.
  Le nom de Python était celui du serpent de Delphes, le célèbre sanctuaire où se rendaient des oracles.

Au dire de Plutarque, on considérait spécialement les ventriloques comme possédés d'un "esprit de Python."

Grâce à cet esprit, ils avaient la prétendue faculté de deviner ou de prédire l'avenir.

La servante (ou esclave), en s'adonnant à de telles pratiques, gagnait de l'argent, dont ses maîtres faisaient leur profit.

Luc, et Paul lui-même, (verset 18) attribuent à un esprit dont elle était possédée ses aptitudes de clairvoyante et de devineresse

On n'a voulu voir dans cette idée qu'un préjugé juif, et attribuer à des causes toutes naturelles le don qu'exerçait l'esclave. Mais alors comment expliquer que l'apôtre l'en priva, en ordonnant à l'esprit de sortir d'elle ? La même question se pose au sujet des exorcismes pratiqués par Jésus. (Matthieu 8.28, 2e note.)

16.18 Or elle fit cela pendant plusieurs jours. Mais Paul, en étant importuné, se retourna et dit à l'esprit : Je te commande au nom de Jésus-Christ de sortir d'elle. Et il sortit à l'heure même.
  Dans les évangiles synoptiques on voit fréquemment les démons reconnaître ainsi le Seigneur et lui rendre hommage, sans doute par la crainte qu'ils avaient de lui. (Matthieu 8.29 ; Marc 3.11 ; Luc 4.41)

Mais, pas plus que notre apôtre, Jésus ne souffrait ces manifestations, afin de ne pas paraître avoir la moindre solidarité avec ces êtres-là. Paul procède ici de la même manière que le faisait le Sauveur pour chasser les démons. Il est difficile de pénétrer plus avant dans un domaine si obscur.

16.21 et ils annoncent des coutumes qu'il ne nous est pas permis de recevoir ni de suivre, à nous qui sommes Romains.
  Ses maîtres voient que (grec) l'espérance de leur gain était sortie avec l'esprit que Paul venait de chasser.

Alors la cupidité déçue leur colère ils se saisissent de Paul et de Silas (peut-être Luc et Timothée étaient-ils absents ou ne les regardait-on pas comme coupables) ; ils les traînent devant les magistrats et font entendre contre eux l'accusation ordinaire de troubler la ville. (Actes 17.6 ; 24.5)

Mais le grief qui leur sert de prétexte, c'est que ces Juifs (terme de mépris), enseignent à nous qui sommes Romains (mot prononcé avec orgueil) des coutumes qu'il ne nous est pas permis de recevoir ni de suivre.

En effet, une loi romaine interdisait sous peine de déportation ou de mort l'introduction de religions nouvelles.

La religion juive était autorisée dans l'empire ; aussi les apôtres furent-ils accusés probablement d'enseigner des idées nouvelles. Peut-être leurs persécuteurs firent-ils appel à la haine des Juifs seulement pour exciter la populace. Quant aux magistrats, ils punirent les apôtres pour avoir troublé la paix publique.

- Dans ce récit, les représentants de l'autorité romaine, nommés d'abord magistrats, archontes, sont ensuite appelés préteurs (grec stratèges) ; mais ce sont les mêmes fonctionnaires, auxquels les Grecs donnaient volontiers des titres militaires.

16.23 Et après qu'on leur eut infligé beaucoup de coups, ils les jetèrent en prison, ordonnant au geôlier de les garder sûrement.
  Les préteurs, dans l'espoir de calmer le soulèvement de la foule, n'y regardent pas de si près avec des juifs méprisés ; sans jugement, ils infligent à Paul et à Silas un supplice cruel, puis les font jeter en prison.

- Ayant arraché leurs vêtements, car la flagellation était appliquée sur le dos nu, ils ordonnaient de les battre de verges.

Le mot traduit par coups signifie aussi plaies, car chacun de ces coups faisait couler le sang. (Comparer verset 33) Ce récit est confirmé par l'apôtre Paul lui-même. (1Thessaloniciens 2.2)

16.24 Celui-ci ayant reçu un tel ordre, les jeta dans la prison intérieure, et fixa leurs pieds dans les ceps.
  Grec : dans le bois.

C'était un bloc ou une poutre double dans laquelle étaient pratiquées des ouvertures pour y passer chaque jambe. Elle servait aussi à torturer les criminels en leur écartant les pieds avec violence.

16.25 Or, sur le minuit, Paul et Silas, étant en prières, chantaient les louanges de Dieu, et les prisonniers les écoutaient.
  Grec : Chantaient des hymnes à Dieu.

Dans quelle situation et dans quelle attente ! De tels hommes ont le droit de dire à leurs frères : "Soyez toujours joyeux."

Comme la scène devient plus émouvante encore par ce dernier trait : les prisonniers les écoutaient. Jamais on n'avait rien entendu de pareil dans une prison.

16.26 Et tout d'un coup il se fit un grand tremblement de terre, en sorte que les fondements de la prison furent ébranlés, et aussitôt toutes les portes furent ouvertes, et les liens de tous furent détachés.
  "Dieu récompense aussitôt la foi et la souffrance joyeuse de Paul et de Silas par une intervention miraculeuse. C'est là le rapport pragmatique entre verset 25 et verset 26" Meyer.

M. Ramsay a fait la remarque qu'aujourd'hui encore dans ces contrées les portes en général, et même celles des prisons, sont fermées par une barre, qu'un tremblement de terre peut faire sortir du crampon destiné à la retenir.

16.27 Et le geôlier, s'étant réveillé et voyant les portes de la prison ouvertes, tira son épée et allait se tuer, croyant que les prisonniers s'étaient enfuis.
  Le geôlier, probablement un ancien officier de l'armée, réveillé par le tremblement de terre, et voyant toute la prison ouverte, ne doute pas que les prisonniers ne se soient enfuis, et comme il répondait d'eux sur sa vie, il allait se tuer dans son désespoir. (Comparer Actes 12.19)
16.28 Mais Paul lui cria d'une voix forte : Ne te fais point de mal ; car nous sommes tous ici.
  Paul, dans son ardente charité, sauve la vie de celui qui avait été l'instrument de ses persécuteurs, afin de pouvoir ensuite sauver son âme.

Si l'on demande comment l'apôtre s'était aperçu dans les ténèbres (verset 29) que le geôlier allait attenter à ses jours, on peut supposer que celui-ci prononça des paroles de désespoir qui parvinrent aux oreilles de Paul.

M. Ramsay admet qu'au moment où le geôlier s'apprêtait à se tuer, il se tenait sur le seuil extérieur de la prison et que sa silhouette se détachait sur le ciel éclairé par les étoiles ou la lune.

Si l'on demande encore comment les autres prisonniers ne profitèrent pas d'un tel moment pour s'évader, on peut supposer qu'épouvantés par le tremblement de terre et n'ayant pas eu le temps de revenir de leur frayeur, ils imitèrent simplement Paul et Silas, qu'ils avaient entendus chanter les louanges de Dieu.

16.30 et les ayant conduits dehors, il dit : Seigneurs, que faut-il que je fasse pour être sauvé ?
  Le geôlier, ébranlé par tout ce qu'il venait d'éprouver, convaincu qu'il y avait dans ce miracle une manifestation de la divinité en faveur des prisonniers, ne voit plus en ceux-ci des criminels, mais bien ce qu'ils avaient prétendu être, des messagers de Dieu.

Comment d'ailleurs n'aurait-il pas été frappé de voir que, loin de s'enfuir, ces hommes ne songeaient qu'à lui témoigner la sollicitude de leur charité ?

De là sa vénération, de là sa question, qui suppose le sentiment du péché s'éveillant en lui : Que faut-il que je fasse pour être sauvé ? C'est le cri d'angoisse d'une conscience qui se sent perdue. (Actes 2.37 ; Luc 3.10)

- La recension occidentale (D, Peschito) porte au verset 30 : Il les conduisit dehors, après avoir fixé dans les ceps les autres prisonniers. (Comparer verset 24)

16.31 Et eux dirent : Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et ta famille.
  Réponse qui renferme l'Evangile dans toute sa richesse. Paul, en annonçant la parole divine au geôlier, (verset 32) ne put rien lui dire qui ne fût déjà contenu dans sa première réponse.

Croire au Seigneur Jésus-Christ, c'est-à-dire se confier en lui du fond du cœur, c'est déjà être sauvé. (Actes 15.11 ; Jean 3.16 ; 20.31)

Telle est aussi la doctrine de Paul dans toutes ses épîtres.

Le texte reçu porte : "Seigneur Jésus-Christ."

Ce dernier mot manque dans Sin., B, A, mais il se lit dans tous les autres majuscules et la plupart des versions anciennes.

16.33 Et les ayant pris à cette même heure de la nuit, il lava leurs plaies. Et aussitôt il fut baptisé, lui et tous les siens.
  Il lava leurs plaies : avant même d'être baptisé, dès qu'il a cru, ce nouveau disciple exerce envers ses prisonniers une active charité, fruit de la foi. (verset 15)

- Ici encore les apôtres administrent le baptême sans exiger aucun temps d'instruction ou d'épreuve, sur la simple déclaration de la foi (Actes 16.15 ; 2.41 ; 8.38 ; 10.47)

- Paul avait dit au geôlier : Tu seras sauvé, toi et ta maison (ou ta famille), et sa parole est accomplie : lui et tous les siens. (Comparer v 34.)

16.34 Et les ayant conduits dans sa maison, il leur servit à manger, et il se réjouit avec toute sa maison de ce qu'il avait cru en Dieu.
  Grec : il dressa une table, et c'est à cette table qu'il se réjouit avec toute sa maison. Quel sujet de joie, en effet !

- En croyant en JésusChrist, il avait cru en Dieu, c'est là une même foi ; mais le nom de Dieu est placé ici en opposition aux divinités du paganisme que le geôlier avait seules connues jusqu'alors.

16.36 Et le geôlier rapporta ces paroles à Paul : Les préteurs ont envoyé dire qu'on vous relâchât ; sortez donc maintenant, et vous en allez en paix.
  Les préteurs, soucieux peut-être du jugement sommaire et injuste qu'ils avaient infligé la veille au sein d'une émeute, peut-être aussi, instruits en partie de ce qui s'était passé dans la prison, ont changé d'avis, et ils ordonnent au geôlier de relâcher les prisonniers.

Le geôlier, tout joyeux, vient l'annoncer à Paul et l'exhorte à sortir et à s'en aller en paix.

La relation occidentale est plus explicite ; elle indique les motifs qui déterminèrent les préteurs à changer d'attitude : "Les préteurs se réunirent dans l'agora et se souvenant du tremblement de terre qui avait eu lieu, ils eurent peur et envoyèrent..." (D, Peschito.)

16.37 Mais Paul leur dit : Après nous avoir battus de verges publiquement, sans jugement, nous qui sommes Romains, ils nous ont jetés en prison ; et maintenant ils nous mettent dehors en secret ! Non certes, mais qu'ils viennent eux-mêmes et nous conduisent dehors.
  Paul leur dit, aux licteurs, venus auprès de lui avec le geôlier, pour lui annoncer la libération. (verset 38)

Paul ne l'accepte pas purement et simplement. La veille, il n'avait pas voulu se prévaloir de son titre de citoyen romain pour se préserver de la flagellation et de la prison ; maintenant il le fait avec énergie, mais dans un but différent, l'intérêt de son ministère. Il en avait le droit. La loi romaine interdisait d'infliger à un citoyen romain aucune peine infamante, et cette loi était religieusement observée.

Cicéron disait avec un juste orgueil national : "Ce mot, cet appel : je suis citoyen romain, a souvent été le salut de plusieurs, jusqu'aux extrémités de la terre, même parmi des barbares."

Or Paul était, de naissance, citoyen romain (Actes 22.28, note) et nous voyons ici (verset 37) que Silas (Silvanus) l'était aussi.

S'il s'était agi d'une injure personnelle, l'apôtre aurait gardé le silence ; combien n'en a-t-il pas supporté d'autres ! mais ce qui, pour ces serviteurs de Dieu, était engagé dans ce procès, c'était l'honneur et l'influence de leur ministère, la cause de l'Evangile qu'ils annonçaient dans un pays où ils étaient inconnus.

L'avenir de leur œuvre dépendait de la manière dont ils sortiraient de la prison de Philippes ; il ne fallait pas qu'on pût dire que la doctrine nouvelle était prêchée par des vagabonds repris de justice, ni même qu'on pût les soupçonner de s'être évadés de la prison.

Aussi Paul, qui aurait pu invoquer des peines sévères contre ceux qui l'avaient puni injustement, demande-t-il au moins qu'au lieu de le libérer secrètement, ils viennent eux-mêmes le mettre en liberté, officiellement et publiquement.

On conçoit donc l'impression de responsabilité et de peur qu'éprouvèrent les préteurs en apprenant ces choses, (verset 38) et leurs procédés pleins de modération nous sont expliqués. (verset 39)

Ce ne fut pas la seule fois que Paul se servit de son titre de citoyen romain pour éviter des outrages nuisibles à son apostolat. (Actes 22.24,25)

16.39 Et ils vinrent les apaiser, et les ayant conduits hors de la prison, ils leur demandaient de quitter la ville.
  Grec : Et étant venus, ils les prièrent de se déclarer satisfaits de cette démarche, et de ne pas pousser plus loin leurs revendications.

Soit parce qu'un plus long séjour aurait pu ramener des troubles, soit parce que les préteurs sentaient qu'ils s'étaient gravement compromis.

16.40 Et étant sortis de la prison, ils entrèrent chez Lydie ; et ayant vu les frères, ils les exhortèrent et partirent.
  Ils vont chez Lydie, où ils logeaient. (verset 15)

Là ils trouvent des frères, nés à la vie chrétienne pendant ce séjour des évangélistes à Philippes.

Ils les consolèrent au sujet des rudes épreuves dont ils venaient d'être témoins ; ou bien il les exhortèrent à rester fermes dans la foi.

Ensuite ils partirent, au moins Paul et Silas, tandis que probablement Luc et Timothée restèrent encore pour édifier l'Eglise naissante. On le conclut de ce que, dans la suite du récit, Luc raconte de nouveau à la troisième personne et que Timothée ne reparaît qu'à Actes 17.14.