1. Commencement de l'Evangile de Jésus-Christ, Fils de Dieu. 2. Selon qu'il est écrit dans Esaïe, le prophète : Voici, j'envoie devant ta face mon messager qui préparera ton chemin ; 3. voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez ses sentiers, 4. Jean parut, baptisant, dans le désert, et prêchant un baptême de repentance pour la rémission des péchés. 5. Et tout le pays de Judée et tous les habitants de Jérusalem sortaient vers lui, et ils étaient baptisés par lui, dans le fleuve du Jourdain, en confessant leurs péchés. 6. Et Jean était vêtu de poils de chameau et d'une ceinture de cuir autour de ses reins ; et il mangeait des sauterelles et du miel sauvage. 7. Et il prêchait, en disant : Il vient après moi Celui qui est plus puissant que moi, duquel je ne suis pas digne de délier, en me baissant, la courroie de ses souliers. 8. Moi, je vous ai baptisés d'eau ; mais lui vous baptisera d'Esprit-Saint.
9. Et il arriva en ces jours-là que Jésus vint de Nazareth de Galilée, et il fut baptisé dans le Jourdain par Jean. 10. Et aussitôt, comme il remontait de l'eau, il vit les cieux se fendre, et l'Esprit comme une colombe descendre sur lui ; 11. et il y eut une voix des cieux : Tu es mon Fils bien-aimé, en toi je me complais.
12. Et aussitôt l'Esprit le pousse au désert. 13. Et il fut dans le désert, quarante jours tenté par Satan ; et il était parmi les bêtes sauvages ; et les anges le servaient.
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NOTES
| 1.1 |
Commencement de l'Evangile de Jésus-Christ, Fils de Dieu. |
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Chapitre 1. Introduction. Jean-Baptiste et Jésus-Christ
1 à 13 Ministère de Jean. Baptème et tentation de Jésus.
Comparer Matthieu Matthieu 3 à Matthieu 4.11 ; Luc Luc 3 à Luc 4.13.
Ce livre contient : l'Evangile, la bonne nouvelle de Jésus-Christ, qui en est l'objet.
- Matthieu Matthieu 1.1 ouvre son livre par un titre analogue ; mais, conformément à son but, qui était d'annoncer aux Juifs la messianité de Jésus-Christ, il l'appelle "fils de David, fils d'Abraham."
- Marc, qui donne à son livre une destination plus universelle, nomme Jésus Fils de Dieu, lui attribuant ainsi dès l'abord sa dignité divine.
Tischendorf omet ces mots Fils de Dieu, d'après Sin. Irénée, Origène, etc. ; mais comme ils se lisent dans tous les autres manuscrits et toutes les versions anciennes, il faut les conserver.
- Plusieurs interprètes modernes, à la suite de Bengel, font des mots du verset 1 : Commencement de l'Evangile de Jésus-Christ Fils de Dieu, le titre de tout le livre. (Comparer un titre analogue Osée 1.2, dans la version grecque.) C'est la construction la plus simple.
Le second verset se lie à ce qui suit et commence le récit de l'apparition de Jean-Baptiste. D'autres appliquent ces mots au seul ministère de Jean-Baptiste ; deux constructions sont dans ce cas possibles :
1° considérer les versets 2 et 3 comme une parenthèse et traduire : le commencement de l'Evangile...fut Jean baptisant et prêchant. (verset 4)
2° Sous-entendre le verbe être, entre le verset 1 et le verset 2 : Le commencement de l'Evangile...fut selon ce qui est écrit.
Avec le
v. 4 commencerait une nouvelle proposition.
- L'Eglise primitive considérait le ministère de Jean Baptiste comme le point de départ de l'uvre de notre rédemption. (Actes 1.22) Marc voudrait exprimer cette idée. |
| 1.2 |
Selon qu'il est écrit dans Esaïe, le prophète : Voici, j'envoie devant ta face mon messager qui préparera ton chemin ; |
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Le texte reçu, avec A et des majuscules, porte ici dans les prophètes, contrairement aux témoignages les plus décisifs.
C'est une correction très ancienne (Irénée l'a déjà), jugée nécessaire parce que l'évangéliste va citer deux prophètes. (versets 2,3)
Faut-il, pour cela, lui attribuer un défaut de mémoire ? Ne peut-on pas admettre que, ayant l'intention de citer la prophétie si connue d'Esaïe, il écrive d'abord le nom de ce prophète, puis que, se souvenant d'une autre prédiction qui convient également à son but, il cite cette dernière en premier lieu ?
Malachie 3.1. Voir, sur cette prophétie, Matthieu 11.10, note ; Luc 7.27, note. |
| 1.3 |
voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez ses sentiers, |
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Esaïe 40.3. Voir Matthieu 3.3 note. |
| 1.4 |
Jean parut, baptisant, dans le désert, et prêchant un baptême de repentance pour la rémission des péchés. |
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Sur ce désert, voir Matthieu 3.1, 3e note.
- Jean ne prêchait pas seulement un baptême, il prêchait la loi qui devait réveiller dans les âmes le sentiment du péché et leur faire désirer ce baptême, qui dès lors était véritablement pour elles un baptême de repentance, mot qui désigne non seulement la douleur et l'humiliation du péché, mais le changement de dispositions morales qui en résulte. (Comparer Matthieu 3.2 1ere note.)
Ce baptême de repentance devait avoir pour résultat la rémission ou le pardon des péchés. Non que Jean lui même procurât à ceux qu'il baptisait le pardon de leurs péchés, mais il annonçait la venue très prochaine de Celui qui a l'autorité de les pardonner et qui baptise du Saint-Esprit. (Voir, sur le baptême de Jean comparé à celui de Jésus-Christ, Matthieu 3.11, 4e note.) |
| 1.5 |
Et tout le pays de Judée et tous les habitants de Jérusalem sortaient vers lui, et ils étaient baptisés par lui, dans le fleuve du Jourdain, en confessant leurs péchés. |
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Voir Matthieu 3.6, note.
Le texte reçu fait dire ici à l'évangéliste : "tous étaient baptisés par lui," ce qui est une erreur ; car, parmi cette foule qui affluait au Jourdain, plusieurs, sans doute, étaient peu préparés à recevoir le baptême de la repentance, et ceux-là, Jean ne les baptisait sûrement pas.
- Ces mots : confessant leurs péchés, n'impliquent pas que chacun de ces nombreux Israélites faisait au prophète le récit détaillé de ses fautes, mais bien que tous se reconnaissaient pécheurs et s'humiliaient devant Dieu. Sans une telle confession, il n'y a point de vraie repentance. |
| 1.6 |
Et Jean était vêtu de poils de chameau et d'une ceinture de cuir autour de ses reins ; et il mangeait des sauterelles et du miel sauvage. |
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Voir Matthieu 3.4, note.
Plus la corruption du siècle est grande, plus il importe que les serviteurs de Dieu donnent l'exemple du renoncement à eux-mêmes. Ils prêchent par leur vie plus encore que par leurs paroles. |
| 1.8 |
Moi, je vous ai baptisés d'eau ; mais lui vous baptisera d'Esprit-Saint. |
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Voir Matthieu 3.11.
Le premier et le troisième évangile rapportent avec plus de détails la prédication de Jean-Baptiste ; le récit de Marc, plus abrégé que le leur et s'en rapprochant beaucoup dans les termes qu'il emploie, renferme des traits caractéristiques qui lui sont propres.
Ainsi ce mot : en me baissant, (verset 7) qui peint si bien l'humble attitude de Jean devant le Seigneur ; ainsi encore, en annonçant que Jésus baptisera de l'Esprit-Saint, Marc n'ajoute pas : et de feu.
- Cette prophétie de Jean, relative au baptême de l'Esprit-Saint que devait administrer le Sauveur, montre que le précurseur était initié à la nature spirituelle de son règne ; aucun signe extérieur n'en marquera l'avènement ; l'âme fidèle seule reconnaîtra la grandeur de Jésus-Christ au-dessus de tous ses serviteurs et la nécessité absolue de ce baptême de l'Esprit, sans lequel tout resterait mort en elle. |
| 1.11 |
et il y eut une voix des cieux : Tu es mon Fils bien-aimé, en toi je me complais. |
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Voir, sur le baptême de Jésus, Matthieu 3.13-17 ; Luc 3.21,22, notes.
Ici encore, Marc, dans son récit abrégé, conserve des traits qui lui sont propres : dans le Jourdain ; il vit les cieux se fendre ou se déchirer, expression énergique qui peint la scène ; enfin, dans Marc comme dans Luc, la voix divine s'adresse directement à Jésus : Tu es mon Fils bien-aimé, en toi je me complais.
Cette rédaction rend très probablement la forme originaire de la parole divine. Jésus lui-même dut recevoir ce solennel témoignage qu'il était le Fils bien-aimé du Père, puisqu'il s'était abaissé en acceptant ce baptême des pécheurs et qu'il avait été, en retour, rempli de l'Esprit de Dieu sans mesure.
Aussi est-ce lui qui est le sujet du verbe : il vit les cieux se fendre. Jean fut cependant le témoin de la manifestation divine. (Comparer Jean 1.32) |
| 1.13 |
Et il fut dans le désert, quarante jours tenté par Satan ; et il était parmi les bêtes sauvages ; et les anges le servaient. |
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Voir Matthieu 4.1-11, notes.
Marc raconte en ces quelques lignes l'histoire de la tentation dont Matthieu et Luc donnent tous les détails. Et pourtant il est faux d'affirmer, comme on l'a fait, que le récit de Marc serait incompréhensible sans les deux autres. Il contient, au contraire, tous les traits principaux de ce drame moral, pour autant qu'il nous est possible de le comprendre : la solitude du désert, les quarante jours, l'action de Satan, le secours des anges. Il renferme même plus d'un trait original.
Ainsi cette expression énergique : l'Esprit le pousse (grec le jette dehors) au désert ; ainsi encore cette mention des bêtes sauvages, qui donne à toute la scène un caractère unique de solitude, d'abandon et de danger.
Marc, de même que Luc, rapporte que Jésus fut tenté durant tout le temps de son séjour au désert, tandis que Matthieu place la tentation au terme des quarante jours. Au cours de ses méditations solitaires Jésus fut assailli de pensées contraires à la volonté divine, de suggestions de Satan, qui se résumèrent et se concentrèrent dans les trois assauts suprêmes que Matthieu et Luc nous ont racontés. |
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