De la Trinité

Augustin d'Hippone (354-430), dit saint Augustin, est certainement le père de l'Église qui a le plus influencé la théologie, tant protestante que catholique ; il est donc aujourd'hui encore incontournable, pour qui veut comprendre l'histoire de la pensée chrétienne. Parmi les ouvrages de cet écrivain prolixe et compulsif, ses traités dogmatiques ne sont pas les plus simples à suivre, en particulier le de Trinitate, qu'il a mis seize ans à écrire, étant pris par une multitude d'autres écrits et activités. C'est d'abord sa verbosité éprouvante qui lasse rapidement une pensée moderne, habituée à plus de concision scientifique ; puis le décalage entre les connaissances de l'antiquité sur le monde matériel et les nôtres, rend obsolètes bon nombre des images et des raisonnements qu'il développe ; sa propension à allégoriser systématiquement les versets bibliques, heurte aussi assez la sobre exégèse requise par nos esprits critiques. Cependant, dans sa quête passionnée du mystère de la Divinité trinitaire, dans les parallèles qu'il essaie de tirer entre sa propre nature humaine et ce que l'Écriture nous révèle de Dieu, saint Augustin réussit à nous émouvoir et à nous entraîner dans ce désir qu'avait Moïse, qu'avait l'apôtre Paul : voir face à face, connaître comme il nous connaît, le Dieu qui est amour : Père, Fils et Saint Esprit. La traduction du latin donnée ici provient du douzième volume des Œuvres complètes de saint Augustin, éditée par l'abbé Raulx (1826-1879).


Jean Calvin, l'homme et l'œuvre

La vie de peu de réformateurs a fait l'objet d'autant de recherches historiques que celle de Jean Calvin : les pages qui lui sont consacrées se comptent par dizaines de milliers, nombre qui est à la hauteur de l'importance du personnage, mais qui reflète aussi parfois une minutie de détails proche de l'idolâtrie. Cependant les biographies de ce Français exceptionnel restent peu lues, étant en général épaisses, écrites il y a longtemps, et non rééditées. Celle de Williston Walker (1860-1922), historien américain de la Réformation ayant enseigné à l'université de Yale, mérite de l'être. Traduite par Nathanaël Weiss (1845-1928), rédacteur du Bulletin de la Société de l'histoire du protestantisme français, elle n'a pas le charme littéraire de la prose de Merle d'Aubigné ou de Bungener, mais elle offre une abondance de sources, qui fait comprendre que l'auteur a tout lu sur le sujet, sans toutefois tomber dans la recherche excessive d'Émile Doumergue. Elle se distingue surtout par sa grande hauteur de vue, qui lui permet d'évaluer honnêtement les qualités et les défauts du héros réformé. La tragédie de l'épisode de Michel Servet est à cet égard particulièrement bien traitée ; le portrait moral de Calvin tiré à la fin de l'ouvrage emporte notre conviction.


Habakuk, prophète et poète

Henri Roehrich (1837-1913) fut pasteur à Stockholm, à Hambourg et à Strasbourg, avant de revenir exercer son ministère à Genève, où il était né. Il reste connu en Suisse, pour avoir versifié l'ancien hymne national « Ô Monts indépendants ». Son don de poésie s'est encore exercé à l'occasion de sa monographie sur le prophète Habbakuk, qui contient une traduction en prose, puis en vers, du texte hébraïque. Dans la partie critique, assez fouillée, l'auteur s'intéresse notamment à la date de composition de ce livre biblique, qu'il situe vers 605 avant J.-C., sous le règne de Jojakim. La rareté des études consacrées au petit prophète Habakuk, nous fait d'autant plus apprécier la qualité et la beauté de la sienne.


Le réveil dans l'Église Réformée

Léon Maury (1863-1931), pasteur réformé, professeur de théologie pratique à la faculté de Montauban, a passé son doctorat en soutenant cette thèse, d'une étendue impressionnante. Sa lecture agréable et captivante sera d'autant plus pertinente aujourd'hui à l'adresse d'un public évangélique français, mentorisé par la mode néo-réformée américaine, qu'il ignore la plupart du temps sa propre histoire. Ainsi il y apprendra que le Réveil protestant du dix-neuvièmeµ siècle en France, n'a pas été une simple importation du méthodisme anglais, mais qu'il a trouvé ses premiers départs de feu dans l'Église Réformée elle-même, alors profondément endormie dans une fausse sécurité scolastique, et devenue étrangère à la foi de ses fondateurs. Les nombreuses péripéties et dislocations consécutives à ce puissant mouvement spirituel ont modelé le paysage de nos églises protestantes évangéliques actuelles et de la théologie dont elles ont hérité, où, selon une belle expression due à Émile Guers, a fini par prévaloir un « juste équilibre des doctrines ».


Ignace et Polycarpe

Depuis Jean Daillé les protestants auraient bien aimé pouvoir rappeler le martyre de Polycarpe de Smyrne, sans avoir à mentionner celui d'Ignace d'Antioche : ils admirent le premier pour la fermeté de sa foi sur le bûcher, et n'ont guère de sympathie pour le second, à cause d'une étrange obsession pour l'épiscopat dont ses fameuses lettres sont remplies. Cependant il n'est guère possible de raconter séparément l'histoire de ces deux héros chrétiens morts au deuxième siècle de notre ère. En route pour son supplice dans l'arène de Rome, vers 110, Ignace écrit une lettre d'exhortation et d'adieu à Polycarpe. Polycarpe, de son côté, dans une épître aux Philippiens, leur signale qu'il possède la collection des lettres d'Ignace ; il serait donc difficile d'admettre l'historicité de l'un des deux martyrs et de rejeter celle de l'autre. C'est cependant bien à tort que les catholiques romains utilisent les lettres d'Ignace pour justifier leur hiérarchie pyramidale. Si Ignace demande sans cesse que l'on obéisse à l'évêque, c'est justement parce que l'autorité épiscopale n'était pas encore bien établie au moment où il écrivait, et qu'il redoutait une invasion des hérésies dans l'Église ; pour sa part, Polycarpe ne parle jamais de l'évêque. D'un aveu général la traduction d'Auguste Lelong, à partir du grec d'Ignace, souvent elliptique et obscur, reste la meilleure que nous possédions en français. Ajoutons que son Introduction et ses notes perspicaces sont aussi précieuses pour saisir la psychologie de ces deux personnages si différents.


Les deux Clémentines

Les documents chrétiens datant du premier siècle sont trop rares pour que l'étudiant de l'histoire de l'Église fasse l'impasse sur la première épître de Clément de Rome aux Corinthiens. D'après Irénée, le troisième évêque de la communauté romaine avait vu les apôtres Paul et Pierre, et avait été en contact avec eux, ce qui procure un intérêt incontestable à sa lettre. Indépendamment de ce témoignage, le texte de Clément possède par lui-même une grande force oratoire et spirituelle : adressé à une église qui déjà du temps de saint Paul manifestait la fâcheuse tendance à se diviser en cliques et en partis, il a pour but de ramener ses membres à une saine et pacifique volonté d'harmonie. La deuxième épître clémentine, n'est pas de Clément, ni une épître d'ailleurs, mais plutôt une homélie. La tradition l'a toujours cependant associée à la première, car destinée elle aussi à l'église de Corinthe, et ne datant que du début du deuxième siècle, elles se trouvaient conservées ensemble. Après les érudites Introductions de Hippolyte Hemmer, cette réédition alterne, verset par verset, le texte grec et la traduction française, de ces deux plus anciens monuments des débuts du christianisme.


Hermas, le Pasteur

Le Pasteur d'Hermas est un document que doit connaître tout étudiant de l'histoire de l'Église : son ancienneté, son étendue, sa large diffusion dans la communauté chrétienne primitive, en font un livre unique, plus que son contenu, dont le caractère bigot et niais étonne au premier contact le lecteur moderne. Le flou théologique des convictions d'Hermas rend même très surprenant le fait que certains pères apostoliques ait pu un temps le croire inspiré, au point de l'agréger aux Écritures saintes (c'est ainsi que le célèbre Codes Sinaiticus en contient une partie). Néanmoins, les visions, similitudes ou paraboles du Pasteur, aussi controuvées soient-elles, restent une réflexion intéressante sur la construction de l'Église et sur son devenir. Ajoutons à cela que le but de cette réédition reste principalement d'offrir à l'amateur de grec biblique l'occasion d'étendre sa lecture à la littérature ecclésiastique des premiers siècles.


Bonifas : Histoire des Dogmes

L'Histoire des Dogmes de l'Église Chrétienne est un ouvrage qui a été considéré comme une référence par les pasteurs protestants évangéliques français, jusqu'au milieu du vingtième siècle, non pas simplement parce qu'il était écrit dans leur langue, mais à cause de ses très grandes qualités, principalement : sa très grande clarté, sa hauteur de vue, et son érudition. Ce texte est en réalité le cours que François professait à la faculté de Théologie de Montauban et qui, mis en forme par un de ses élèves, Jean Bianquis, a paru de manière posthume. Il divise l'histoire de la fixation et de la systématisation progressive de la vérité chrétienne, sous la forme d'articles de foi officiellement promulgués par l'Église et appelés dogmes, en quatre grandes périodes : 1) L'âge de l'Apologétique (90-254) ; 2) L'âge de la Polémique (254-730) ; 3) L'âge de la Scolastique ; 4) L'âge de la Symbolique (1517-1700). Depuis, et jusqu'à aujourdh'ui, nous sommes dans l'âge de la Critique ; période qui pour être comprise nécessite la connaissance de celles qui l'ont précédée. Il convenait donc de rééditer ce livre remarquable.


 

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Jean Calvin, l'homme et l'œuvre
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