Aleph. Comment l'or s'est-il terni ? Comment l'argent pur s'est-il changé ? Comment les pierres saintes ont-elles été dispersées aux coins de toutes les rues ?

Beth. Les fils de Sion les plus honorés, ceux que l'on prisait autant que l'or, comment ont-ils été traités comme des vases de terre, œuvre des mains du potier ?

Ghimel. Les dragons eux-mêmes découvrent leurs mamelles, et leurs petits se sont allaités ; les filles de mon peuple sont sans remède, comme un passereau dans le désert.

Daleth. La langue de l'enfant à la mamelle, s'est collée à son palais dans sa soif ; les enfants ont demandé du pain, et nul n'était là pour leur en distribuer.

Hé. Ceux qui se nourrissaient de mets délicats ont péri dans les rues ; ceux qu'on avait élevés dans la pourpre ont été enfouis dans le fumier.

Vav. L'iniquité de la fille de mon peuple a dépassé l'iniquité de Sodome, jadis renversée en un moment, sans que des hommes y aient fatigué leurs mains.

Zaïn. Les Nazaréens étaient plus blancs que la neige, plus éclatants que le lait ; ils étaient comme purifiés par le feu ; leur poli était supérieur à celui du saphir.

Cheth. Et leur visage est devenu plus noir que la suie, on ne les reconnaît pas dans les rues ; leur peau s'est collée sur leurs os ; ils se sont desséchés comme du bois mort.

Teth. Les hommes tués par le glaive étaient plus beaux que les hommes morts de faim ; car ceux-ci s'en étaient allés transpercés par la disette des fruits de la terre.

Iod. Les mains des femmes, naturellement compatissantes, ont fait cuire leurs propres enfants ; elles s'en sont nourries dans la ruine de la fille de mon peuple.

Caph. Le Seigneur a assouvi sa colère ; il a répandu son indignation et ses fureurs, et il a allumé dans Sion un feu qui l'a dévorée jusqu'en ses fondements.

Lamed. Les rois de la terre, les peuples du monde entier ne croyaient pas qu'un ennemi, qu'un oppresseur pût entrer par les portes de Jérusalem.

Mem. A cause des péchés de ses prophètes, et des iniquités de ses prêtres, qui au milieu d'elle versaient le sang innocent,

Noun. Les gardes ont chancelé dans les rues, ne pouvant éviter d'y marcher ; ils se sont souillés de sang, et leurs robes y ont touché.

Samech. Éloignez-vous des impurs ; criez-leur : Retirez-vous, retirez-vous, ne nous touchez pas ; car ceux que les impurs ont touché ont chancelé ; dites aux nations : Ils n'habiteront plus parmi nous.

Aïn. La présence du Seigneur était leur partage ; il ne les considèrera plus ; ils n'ont pas respecté le visage des prêtres ; ils ont été sans miséricorde pour les prophètes.

Phé. Quand nous vivions encore, nos yeux se sont lassés à vainement regarder, et à attendre du secours. Nous nous sommes tournés vers une nation qui ne pouvait nous sauver ;

Tsadé.Nous avons fait la chasse à nos petits enfants, de peur qu'ils ne sortissent dans les places publiques. Notre temps est proche ; nos jours sont remplis ; le moment est arrivé.

Coph. Nos persécuteurs sont venus, plus agiles que l'aigle dans le ciel ; ils se sont élancés des montagnes ; ils nous ont tendu des pièges dans le désert.

Resch. L'esprit de notre face, le Christ Seigneur a été pris dans leurs filets, lui dont nous avons dit : Nous vivrons à son ombre parmi les nations !

Schin. Réjouis-toi, sois dans l'allégresse, fille de l'Idumée qui habite la terre ; le calice du Seigneur passera aussi sur toi, tu t'enivreras, et tu vomiras ton ivresse.

Thav. Ton iniquité a cessé, fille de Sion ; ta captivité touche à son terme ; mais le Seigneur a visité ton iniquité, fille d'Édom, et il a mis tes impiétés à découvert.